Prenez
le temps de lire
l'introduction, ainsi
vous comprendrez mieux
ce vous projetez de lire
|
lA
tradition
désigne
globalement
sous
le
nom
d'Épîtres
(transcription
du
grec
épistolaï)
les
vingt
et
une
lettres
attribuées
à
des
Apôtres
du
Christ
et
inscrites
par
l'Église
au
canon
du
Nouveau
Testament.
Si
l'on
recherche
la
nuance
récemment
établie
de
l'un
à
l'autre
terme,
en
distinguant
les
missives
rédigées
dans
le
ton
vif
de
la
conversation,
des
correspondances
plus
solennelles
proposant
des
exposés
apprêtés
dans
une
forme
littéraire,
faut-il
parler
de
"Lettres"
ou
d'Épîtres"
lorsqu'il
s'agit
de
la
littérature
épistolaire
de
Paul
?...
Que
leur
auteur
l'ait
ou
non
voulu,
la
plupart
des
documents
qu'elle
comporte
tiennent
de
l'un
et
de
l'autre. |
|
|
Généralement
adressés
à telle
communauté
chrétienne
ou à
tel
disciple
en
fonction
d'événements,
de
situations
ou de
besoins
qui les
concernent
au
premier
chef,
les
écrits
de
l'Apôtre
reflètent
son
tempérament
ardent :
Paul
s'exprime
spontanément
en
termes
pleins
de vie,
comme
dans le
feu de
l'action.
Mais
l'homme
d'action
se
double
d'un
homme de
grand
savoir.
Et la
"lettre
de
constance"
devient
souvent
Épître
de
doctrine.
Les
treize
lettres
ou
Épîtres
dont
l'authenticité
paulinienne
parait
solidement
assurée
sont ici
présentées
dans
l'ordre
où les
classe
le canon
traditionnel
:
d'après
la
longueur
de leur
texte et
l'importance
estimée
de leur
contenu,
plutôt
qu'en
fonction
des
dates
probables
de leur
rédaction.
Une
tradition
encore,
plus
facilement
justifiable,
les
répartit
en trois
groupes.
Le
premier
comporte
les six
grandes
Épîtres
écrites
par Paul
de l'an
50 à
l'an 58,
au cours
de ses
deuxième
et
troisième
voyages
missionnaires
(voir
ACTES,
chap.
15,
vers. 36
à chap.
21,
vers.
17) ; ce
sont,
dans
l'ordre
chronologique
le plus
vraisemblable,
les 1°
et 2°
aux
THÉSSALONICIENS
(51-52),
l'Épître
aux
GALATES
(54),
les
11'<'
et 2`
aux
CORINTHIENS
(55 et
57) et
l'Épître
aux
ROMAINS
(57-58
?). Le
deuxième
groupe
réunit
quatre
Épîtres
dites
"de
la
captivité"
parce
que
rédigées,
selon
l'opinion
qui
demeure
la plus
répandue,
alors
que leur
auteur
se
trouvait
pour la
première
fois
prisonnier
à Rome
dans les
années
61-63(
voir
ACTES,
chap.
28,
vers.
14-31) ;
ce sont
les
lettres
aux
COLOSSIENS
et à
PHILÉMON
(62 ?),
aux
ÉPHÉSIENS
(63), et
peut-être
aux
PHILIPPIENS
(63 ?),
si
toutefois
cette
dernière
ne date
pas en
fait
d'une
"captivité"
de Paul
à
Éphèse,
dans les
années
55-56.
Le
troisième
groupe
est
celui
des
Épîtres
dites
"pastorales"
parce
qu'elles
traitent
notamment
des
devoirs
des
"pasteurs"
chargés
du
gouvernement
de
l'Église
; deux
d'entre
elles,
la 1°
à
TIMOTHÉE
et
l'Épître
à TITE
(64-65
?),
seraient
comme
l'Épître
aux
HÉBREUX
(65-66
?)
antérieures
à la
seconde
captivité
romaine
de
l'Apôtre
(66-67
?),
alors
que la
28 à
TIMOTHÉE,
écrite
de
prison,
précéderait
de peu
son
martyre
(67 ?).
aux
ROMAINS
(La
Porte
aux
Romains)
Dictée
à
Tertius
(cf. c.
16, v.
22),
disciple
ou ami,
sans
doute
l'un et
l'autre,
alors
que Paul
se
trouve
pour
trois
mois à
Corinthe
(cf.
ACTES,
c. 20,
v. 3) et
s'apprête
à
regagner
la
Palestine
par la
Macédoine,
Troas et
Milet,
l'Épître
aux
ROMAINS
annonce
le
nouveau
projet
de
l'infatigable
missionnaire
: porter
le
témoignage
du
Christ
dans les
pays
occidentaux
jusqu'en
Espagne,
après
l'avoir
fait si
largement
en
Orient ;
il
compte
ainsi
visiter
"en
passant"
ses
frères
de la
prestigieuse
capitale
de
l'Empire.
Peut-être
les
risques
d'un
clivage
entre
les
chrétiens
venus du
paganisme
et les
convertis
du
judaïsme,
dès
lors en
minorité
semble-t-il
dans la
communauté
de Rome,
déterminent-ils
cette
intervention
de
"l'Apôtre
des
Gentils",
soucieux
de
l'unité
de
l'Église
: aux
uns et
aux
autres
il
rappellera
leurs
droits
égaux
à
l'héritage
de la
foi en
même
temps
que leur
fraternité
dans le
Christ,
source
du
commun
salut.
En tout
état de
cause la
densité
doctrinale
de la
correspondance
préliminaire
qu'il
leur
adresse
donne à
ce
document
une
valeur
universelle
et
intemporelle.
Elle
suffirait
à
expliquer
le choix
des
sages
qui la
place en
tête du
recueil
des
Épîtres.
La plus
longue
de
toutes,
elle est
aussi la
plus
structurée.
Après
l'exorde
(c. 1,
v.
1-17),
un
exposé
dogmatique
forme
les onze
premiers
chapitres
(c. 1,
v. 18 à
c. 11,
v. 36).
Tous
pécheurs,
juifs et
païens,
ont
également
besoin
d'être
justifiés
(c. 1,
v. 18 à
c. 3, v.
20) ; la
foi, et
la foi
désormais
éclairée
par
l'avènement,
la mort
et la
résurrection
du
Christ,
apporte
cette
justification
(c. 3,
v. 21 à
c. 4, v.
25) : il
est le
"nouvel
Adam
",
qui
réconcilie
et sauve
l'humanité,
vouée
par le
premier
au
péché
et à la
mort (c.
5).
Affranchi
de la
servitude
du
péché
et du
joug de
la Loi
ancienne,
libéré
de la
mort
puisque
ressuscité
avec le
Christ
par le
baptême,
le
chrétien
qui
reçoit
la vie
de
l'Esprit,
acquiert
dans le
Christ
la
filiation
divine,
et
demeure
en lui
dans
l'amour
de Dieu
(c. 6 à
8). Fors
un petit
"reste",
l'ancien
Israël
a
"buté
contre
la
pierre
d'achoppement",
où il
faut
voir le
Christ ;
mais à
tout
homme
qui
accueille
"la
Bonne
Nouvelle"
(l'Évangile),
le salut
est
assuré
:
"il
n'y a
pas de
distinction
entre
juif et
Grec
(païen)"
(c. 9 et
10). Au
demeurant,
que la
jalousie
suscitée
chez les
juifs
par la
greffe
des
non-juifs
sur
l'arbre
de la
foi
devienne
émulation,
et que
les
non-juifs
se
souviennent
humblement
de leur
greffe
sur la
racine
antique
; Dieu
n'abandonne
pas le
peuple
qu'il
s'était
choisi :
un jour
viendra
où
"Israël
en son
entier"
rejoindra
dans la
foi au
Christ
l'ensemble
des
païens
convertis,
pour
former
avec eux
l'unique
peuple
de Dieu
(c. 11).
Une
seconde
partie
rappelle
les
règles
de vie
qu'imposent
la
morale
chrétienne,
et
l'exemple
donné
par le
Christ
lui-même
(c. 12,
v. 7 à
c. 15,
v. 13).
Elle est
suivie
d'un
court
billet
où
l'Apôtre
s'explique,
plus
familièrement,
sur
lui-même
et sur
ses
intentions
(c. 15,
v.
1433).
Le
dernier
chapitre
(c. 16)
présente
sur le
même
ton des
recommandations
et
salutations
diverses
peut-être
adressées
d'ailleurs
à
d'autres
qu'aux
Romains
-, puis
s'achève
sur une
solennelle
et très
belle
doxologie
(v. 24
à 27).
aux
CORINTHIENS
(la
Porte
au
Corinthiens)
Dans la
grande
cité
païenne
de
Corinthe,
capitale
de la
province
romaine
qu'est
devenue
la
Grèce
("Achaïe",
cf.
ACTES,
c. 18,
v. 12;
c. 19,
v. 21 ;
etc.),
Paul
fonde
lui-même,
dans les
années
51-53,
une
communauté
chrétienne
importante
et bien
vivante
(c. 18,
v.
1-18),
mais
combien
turbulente,
qu'il
visitera
plusieurs
fois et
qu'il
continuera
à
évangéliser
par
correspondance.
Deux
seulement
de ses
lettres
aux
chrétiens
de cette
Église
qui lui
tient à
coeur
figurent
dans le
Nouveau
Testament
; elles
font
pourtant
allusion
à deux
autres
lettres
adressées
par
l'Apôtre
aux
mêmes
destinataires,
mais
dont le
texte
est pour
nous
perdu.
Paul est
à
Éphèse
au cours
de son
troisième
voyage
missionnaire
(cf.
ACTES,
c. 19,
v. 1-22)
lorsqu'il
apprend
par
rapport
oral et
par
lettre (1
CORINTHIENS,
c. I, v.
11 et c.
7, v. 1)
les
disputes
et les
problèmes
qui
agitent
l'Église
de
Corinthe.
C'est
l'occasion
qui
suscite
la 1°
Épître
canonique
aux
CORINTHIENS.
Elle
permet
de
découvrir
la vie
intime
d'une
des
premières
communautés
chrétiennes
parmi
les plus
fécondes,
mais
exposée
entre
toutes
au
mouvement
des
modes,
au
bouillonnement
des
passions
et aux
remous
d'idées
du monde
gréco-romain.
Le but
de son
auteur,
est
cependant
tout
autre
que
fournir
un
document
à
l'histoire.
L'
Apôtre
entend
guérir
et
éclairer
ses fils
en leur
distribuant
sagesse
et
vérités
évangéliques.
Il le
fait
sans
autre
plan
apparent
que
celui
qu'imposent
la liste
des
sujets
de
discorde
et les
questions
de ses
correspondants.
A
ceux qui
cultivent
l'esprit
de
chapelle,
Paul
rappelle
que
l'Église
est
oeuvre
divine
et non
l'oeuvre
humaine
des
divers
prédicateurs
de l'
Evangile.
C'est à
Dieu que
tous ces
apôtres,
et Paul
parmi
eux,
auront
à
rendre
compte.
Que les
brillants
esprits
de
Corinthe
ne les
jugent
donc pas
eux-mêmes,
et
prématurément
(c. 1 à
4).
Une
seconde
partie
traite
des
scandales,
autres
motifs
de
désordre
dans la
communauté
(c. 5 et
6).
La
réponse aux
questions des
Corinthiens sur
des points forts
débattus dès
ce temps, comme
il le reste pour
la plupart au
nôtre, fait
l'objet d'une
troisième
partie
(c. 7 à
14).
A propos
notamment du
choix à faire
entre le mariage
et le célibat
dans la
chasteté
(c. 7) ;
du bon ordre
dans la tenue
des assemblées
chrétiennes
(c. 11
à 14),
en particulier
de la
participation
des femmes
(c. I I,
v.
2-16),
traitée non
sans humour,
mais dont il
convient
d'interpréter
les termes en
tenant compte
des Moeurs et
usages du temps
; et surtout de
la célébration
de
l'Eucharistie,
qui engage bien
réellement
"le corps
du Seigneur''
(c. I I,
v.
17-34) ;
des
manifestations
charismatiques
enfin,
appréciées
"en vue du
bien
commun"
pour
l'édification
de l'Eglise, et
accomplies dans
la charité...
avec ordre et
bienséance
(c. 12
à 14).
Le
sujet
capital de
la
résurrection
réelle du
Christ, et
de la
résurrection
des morts
qui en est
le
corollaire,
fait
l'objet de
la
dernière
partie de
l'
Épître
(c. 15)
:
sans cette
résurrection,
la foi
elle-même
serait
vaine ;
mais le
Christ est
bien
ressuscité
et
"tous
reviendront
à la vie
dans le
Christ".
Suivent
les avis
et
salutations
d'usage
(c. 16).
Le
texte
que nous
connaissons
comme la
2°
Épître
aux
CORINTHIENS
ne fut
probablement
pas
rédigé
par Paul
en une
occasion
unique.
Il
témoigne
de tout
une
période
marquée
par des
rapports
tumultueux
entre
l'Apôtre
et
d'importantes
factions
de la
communauté
de
Corinthe.
Manifestement,
la 1°
Épïtie
canonique,
pas plus
que la
lettre
disparue
qui
l'avait
précédée
(cf. 1
CORINTHIENS,
(c. 5,
v. 9-1
I),
n'avait
obtenu
l'effet
escompté.
Cependant, la
crise est
certainement
apaisée,
et la
réconciliation
acquise
lorsque
l'Apôtre
écrit
l'essentiel
de ce qui
compose
les sept
premiers
chapitres
du
document
à la
suite
d'événements
auxquels
font
allusion
divers
passages
de ce
morceau,
mais aussi
des
suivants :
il a fait
lui-même
entre-temps
un second
voyage à
Corinthe (cf.
2
CORINTHIENS,
c. 12, v.
14 et c.
13, v. 1
qui
parlent
d'un
troisième),
à la
suite de
quoi il a
subi une
grave
offense (cf.
2, v. 5 et
c. 7, v.
12),
ce qui
valut aux
Corinthiens
une lettre
écrite
"avec
bien des
larmes"
(cf. c. 2,
v. 3-4 ;
c. 7, v. 8
et 12) ;
puis il
leur a
envoyé
Tite, qui
vient de
rejoindre
Paul en
Macédoine
pour lui
annoncer
le retour
sincère
des
égarés
de
Corinthe
à leur
père
spirituel (cf.
ACTES, c.
20, v. 1 ;
2
CORINTHIENS,
c. 2, v.
13 ; c. 7,
v. 6-7 et
v. 9-10).
L' Apôtre
prépare
donc
d'emblée
la
nouvelle
visite
qu'il
projette
de leur
faire :
après
l'action
de grâces
pour le
réconfort
reçu de
Dieu dans
ses
tribulations
(c.
1, v. 3-11),
il se
justifie
des
accusations
portées
contre lui
par ses
adversaires
(c.
1, v. 12
à c. 2,
v. 13),
définit
son propre
rôle
d'Apôtre
du Christ (c.
2, v. 14
à c. 6.
v. 10).
et exalte
la
confiance
retrouvée
entre lui
et ses
fils qu'il
chérit (c.
6, v. 11
à c. 7,
v. 16).
Les deux
chapitres
suivants
(c. 8 et
9)
sont une
incise sur
la
collecte
en faveur
des
chrétiens
de l'Église-mère
de
Jérusalem
(cf. 1
CORINTHIENS,
c. 16, v.
1-4),
particulièrement
éprouvés
par la
famine et
les
persécutions.
Enfin, les chapitres 10 à 13
pourraient
constituer
un
document
distinct
de celui où
Paul
s'exprime
en termes
si
chaleureux
pour ses
correspondants
après
leur réconciliation.
Ce texte
est-il tiré
de la
lettre
"écrite
avec bien
des
larmes"
tenue généralement
pour
perdue
?...
S'agit-il
d'une
correspondance
ultérieure.
motivée
par la résurgence
d'une
opposition
à Paul,
de nouveau
activée
par les
judaïsants
?... Le
tempérament
fougueux
de l'Apôtre
justifie
petit-être
à lui
seul le
changement
de ton.
Son propos
amène Paul à faire
son propre
éloge :
humble
dans ses
rapports
directs
avec les
autres
hommes, ou
hardi dans
ses
écrits,
il dispose
de la
force
divine
comme
Apôtre du
Christ.
Aux
recommandations
et
salutations
finales,
se trouve
joint un
voeu
ardent :
de joie et
de paix
dans
l'union
fraternelle,
et d'amour
de Dieu
(c. 13, v.
11-13).